​L'acte créateur est pulsion de vie, mouvement respiratoire, geste vital. Il ne répond à aucune finalité concrète ni aucun objectif matériel et mercantile. Il est. Et il ne peut avoir lieu que dans la plus grande pauvreté et humilité.

Le geste créateur est fragile. Il est travail d'amour entre le soi et le hors soi, son expressivité personnelle, qui repose sur des projets issus d'un « je veux » ou « je vais» et cet autre qui vient d'ailleurs, fait d'aléas, d'impromptus, d'inattendus. Créer, c'est danser sur un fil avec un invisible, dans un équilibre fragile qui permet de transcender la simple beauté esthétique.

Cette part d'inconnue inhérente au geste créateur est à mon sens la première matière commune à tout artiste. Le reste n'est qu'un choix de matériaux de seconde importance.

Rompre ce processus créateur, c'est renoncer à l'art.

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La création artistique est l'expression la plus personnelle de l'être humain. Elle est si intime que son accouchement peut se faire douloureux et l’œuvre se voir arrachée à l'être intérieur. Créer relève d'une forme d'exigence et de courage car il réclame de chercher, explorer, imaginer, composer, écouter. C'est porter en soi longtemps avant de tenter une quelconque mise en forme matérielle.

Créer, c'est rater, jeter, recommencer. C'est tomber, douter, se questionner. Et toujours avancer, entre ombre et lumière.

 

L'art est fragile. Prenons-en soin.

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Aurore Haouichar, mai 2023